• On a essayé de me faire comprendre la différence entre être et avoir. Être bipolaire ou avoir des troubles bipolaires. Ça peut paraître anodin, on peut penser que c'est simple de faire la différence. Mais pour moi c'est bien plus compliqué. Il faut prendre conscience de cette phrase et accepté qu'elle bouleverse ce que tu es, à nouveau. Il faut accepter un énième changement alors que l'on venait juste de trouver un semblant de stabilité. Imaginez que notre vie est une ligne avec des périodes stables qui ressemblent à des paliers. Mais aussi emplie de pentes qui nous font chuter et remonter. Notre vie est une montagne russe plus ou moins intense suivant chacun d'entre nous.

    Lorsque la maladie s'est déclarée, j'ai eu le droit à un magnifique piqué en direction du fond du trou. Puis, sans transition l'exact opposé. J'étais avec les oiseaux, les bras en l'air, je volais au dessus des nuages et je n'avais plus assez d'oxygène. Là encore, pas de palier. La chute a été impressionnante, invivable et douloureuse. J'ai cru que je ne toucherais jamais le fond. Et là, un palier, enfin. Un palier difficile mais au moins une impression de stabilité. Il a ensuite fallut remonter, mais doucement, en ce méfiant des pentes trop raides. Et enfin, mettre un nom sur la maladie et franchir le palier de l'acceptation. Accepter sa maladie, la comprendre, interroger ses effets sur nous, sur notre caractère. Et finalement se dire : "Ok ! Je suis bipolaire. Mais est ce un drame ?"

    Et faire une nouvelle rencontre qui chamboule tout. "Vous n'êtes pas bipolaire. Vous avez des troubles de la bipolarité." Comprendre que finalement tout n'était pas si bien accepté, qu'il y a encore un nouveau palier à atteindre. Alors recommencer. Triturer la phrase dans tous les sens, s'interroger, se remettre en question. Accepter les phases de mélancolie comme des instants de réflexion. Et décider dans garder une trace, de comprendre ce qui pourrait nous faire avancer. Être effrayer par soi-même, voir peur de l'avenir. Serais-je toujours instable ? Vais-je replonger comme la fois précédente ? Serrer inconsciemment les dents. Et accepter. Accepter tout ce qui vient de nous. Accepter nos émotions, notre vision du monde, nos peurs, nos angoisses, nos troubles, nos névroses, nos psychoses. Les accepter puis les remettre en question, les comprendre, les apprivoiser, faire baisser leur impacte sur nous.

    Accepter que la tristesse nous envahisse que les larmes viennent. Pleurer autant que l'on en a besoin, extérioriser l'émotion, permettre au vase trop plein de se vider. Et puis s'apaiser et repartir. Accepter ce que l'on est pour mieux se comprendre et s'apprivoiser et faire taire enfin cette guerre interne.

    Je serais l’hypersensible qui nous dérange tant et qui peut être vous dérange. Accepterez vous de me laisser pleurer sans me réconforter ? Car n'est ce pas une manière inconsciente de faire taire cette émotion que nous voyons soudainement apparaître ?

     

    Do or die
    You'll never make me
    Because the world, will never take my heart
    Go and try, you'll never break me
    We want it all, we wanna play this part
    I won't explain or say I'm sorry
    I'm unashamed, I'm gonna show my scar
    Give a cheer, for all the broken
    Listen here, because it's who we are

    I'm just a man, I'm not a hero
    I'm just a boy, who's meant to sing this song
    I'm just a man, I'm not a hero

    [Welcome to the Black Parade - My Chemial Romance]


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  • Se prendre en main... Soudainement lâcher la barre de sécurité et avancer vers le bord. Recommencer à avancer seule, sans aide mais avec courage. Comprendre que soudainement, il faut avancer mais seule car plus personne ne peut nous tenir la main. Ils sont à cotés, ils ne sont pas loin, mais ils doivent avancer eux aussi.

    Alors soudainement, on enlève les béquilles une par une. On arrête peu à peu de se raccrocher à tout se qui nous empêchais d'être libre. On quitte la camisole chimique, puis les anxiolytiques, on réduit notre nombre de journée en clinique. On voit moins le psychiatre et on recommence à avoir une vie sociale.

    On refait les premiers pas dans la vraie vie et on se prend une baffe en se rendant compte de l'état dans lequel on l'a laissé. Il faut reconstruire, ça prend du temps et on cherche juste à ne pas tout détruire. Certains morceaux ne veulent plus coller. C'est le plus dur à digérer.

    Certains n'ont pas supporté, n'ont pas compris et sont partis. Ils ne s'en sont pas rendus compte mais ils sont absents et l'on doit faire avec. D'autres sont devenus plus gros au contraire, parfois un peu trop. On taille, on tri, on jette ou on nettoie. On a changé. On y peut rien c'est ainsi. On doit réaménager notre vie en fonction de ce changement.

    On fait de nouvelles rencontres, on met de la distance ou on se rapproche. On écoute plus, on cherche à comprendre les autres pour se comprendre soit même. On apprends un autre langage, on a découvert un autre monde. Et d'une certaine façon personne d'autre ne peut le voir...


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  • On se regarde dans la glace et l'on se déteste. On est trop ci ou trop cela. La prise de poids a été trop rapide. La peau s'est fendue et l'on observe ces vergetures avec une forme de dégoût. Et finalement, on prend une décision. Ces vingt kilos maudits, on va les perdre. On choisit de se réapproprier son corps et ce par la force. Alors, on se renseigne. Quel régime ? Comment l'appliquer ? Comment le faire rentrer dans son budget ?

    Je suis étudiante, je me sens grosse et je veux maigrir pour guérir. Car oui. La guérison ne passe pas forcément par uniquement par l'acceptation de la maladie. Il faut aussi guérir des séquelles de la maladie. Commencer à se soucier de ces séquelles est bon signe, mais surtout terriblement douloureux. On se rend compte que les dégâts sont considérables.

    Oui, vingt kilos de plus c'est énorme. Oui, je suis grande. Oui, les gens me disent que ça ne fait pas choquant. Que oui j'ai grossi, mais que ça ne fait pas grosse. Mais on le sent. On sait qu'on est plus vraiment soit même. Alors un jour on se confronte à la balance et l'on s’effondre. Que faire lorsque l'on ne maîtrise plus son corps ? On sent que l'on ne peut plus faire ce que l'on veut.

    Je reviens au régime car ce n'est que ce qui provoque l'envie du régime, pour moi du moins. On envisage les régimes hyper-protéines très à la mode, le weight watchers, le Natman et même la diète. Et puis, je me suis rendue compte d'une chose. Toutes ces méthodes ne pourraient jamais m'aider. Je suis GOURMANDE (oh le vilain mot !) et je n'arriverais pas à me priver.

    Maigrir...Alors je suis allée en parler à une infirmière de la clinique. Comme moi, elle a des formes. Comme moi, elle cache sa poitrine généreuse derrière des vêtements amples et des soutifs de sport qui aplatissent tout ça. Alors oui, c'est pour ça que c'est elle que j'ai eu envie de voir. Et j'ai découvert une chose : si je voulais conserver ma ligne, ce n'était pas un régime que je devais faire. Je devais changer en profondeur mes habitudes alimentaires.

    Je fais partie de ces gens qui peuvent se nourrir de compotes et de céréales pendant des jours sans ressentir la faim. Alors quand soudainement je cuisine pour des amis mon corps réagit au quart de tour et stocke. Je pense que ce changement fût le plus dur des régimes. Il ne s'agissait pas de se restreindre pour quelques mois et ensuite passer à autre chose. Je devais modifier mon comportement alimentaire et ce à vie1.

    Oui, ce n'est pas le sacro saint nutritionniste qui m'a conseillé ça. Oui, je n'ai pas vu de diététicienne. Mais j'ai reçu les meilleurs conseils que l'on m'ait jamais donné. Ces conseils m'ont été plus qu'utiles. Ils m'ont permis de réfléchir à mon rapport à la nourriture et de détecter cette tendance au grignotage intempestif principalement en cas de contrariété.

    JeMaigrir... sais que pour les autres je suis LA nana qui se prend la tête sur tout. Celle qui réfléchit trop, celle qui pose des questions, qui se remet en permanence en question. Mais honnêtement avant d'entamer un "régime" posez vous vraiment la question : pourquoi je fais ça ? Essayez de se sortir de la tête que c'est (inconsciemment) pour être dans les normes est dur. J'allais ajouter surtout pour les femmes. Mais je ne suis pas sûre que ce soit la réalité.

    Ce texte est embrouillé et assez foutraque. Mais c'est ce qui se passe dans ma tête. J'aimerais être contre les régimes. Les femmes sont belles quelques soient leur forme, leur poids, leur taille. Oui, je pense que ma colocataire est la plus belle femme que j'ai rencontré. Mais moi non.

    Oui je suis un paradoxe ambulant !

    Mais comme tous, non ? Oui, je n'ai pas fait de régime. Mais je me suis restreinte dans mon alimentation en cherchant l'équilibre dans celle ci. Je ne sais pas si c'est bien ou non. Je sais que je ne me supportais plus et qu'il me fallait changer cela.

    Aujourd'hui, je ne sais toujours pas si j'accepte vraiment mon corps. Mais j'ai commencé à pouvoir refaire du sport. Et surtout, j'ai séduit à nouveau. Oui, même avec encore dix kilos en trop, je séduis.

    Ce texte n'est pas vraiment une liste de conseils, c'est juste un témoignage. Si vous voulez partager les votre, je suis vraiment preneuse. Qui n'a jamais voulu changer de corps ?

    Merci à toi, Loka

     

    1. Ce choix inclut aussi une grosse influence de ma maladie. La bipolarité oblige une hygiène de vie très travaillée, clean. Mais je reviendrais là dessus dans un prochain article.


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  • Suis-je encore moi-même ? Je n'arrive plus à savoir depuis combien de temps je n'ai pas eu de petites pilules à prendre chaque matin, chaque soir. La pilule... C'est là que tout a commencé. Cette petite chose qu'il faut prendre une fois par jour. Ce truc bourré d'hormones ne serait-ce pas la première chose qui aurait commencé à me modifier.

    15 ans. 15 ans et déjà je prends l'habitude de gober chaque matin des petits cachets. Et puis l'adolescence, le stress, les hormones, le changement, le début ignoré de la maladie.

    L'impulsivité a toujours fait partie de moi. C'est un penchant naturel pour moi. J'aime ça. Il et inutile de le nier, j'aime décider au dernier moment que je vais sortir faire la fête, que je vais faire quelque chose qui sera extra ordinaire. C'est grisant et drôle. Surtout drôle puisque je vois des gens, je ris avec eux, je me saoule. Je ris plus fort que tout le monde et je danse.

    Et pendant ce temps j'oublie tout.

    Pensées filantes

    ©Nicole Tran Ba Vang

    Les soirées, les mecs, les amis... Pourquoi sont-ils restés ? Je les ai poignardé un par un. Et certains résistent. Pourquoi ? Alors, on tape dessus. Plus fort. Encore plus fort. Et on se calme brusquement sans raison. Alors l'impulsivité fait place à l'apathie. Voilà mon adolescence avec en plus cette haine de toutes formes d'autorités.

    Et après le bac, la fac. C'est grand, c'est libre et on a l'impression de lier des amitiés solides, de construire de nouvelles choses... Qui s'effondre. Non, que l'on fait s'effondrer. Que j'ai fait s'effondrer. Alors, j'ai hurlé. Premier état mixte. Celui qui nous fait croire que ça va alors qu'on est parti complètement en couille. On brise tout et on jongle entre dépression et hypomanie.

    Et comme souvent on se stabilise à force d'épuisement. Alors on reprend. Et puis un premier médecin et le début de l'auto-médication. Vous le connaissez ce réflexe, celui qui consiste à penser qu'on s'en sort mieux seul... Mais on plonge. Alors on prends des anti-dépresseurs et on repart dans la manie. Et on aime ça.

    La sensation de puissance d'être la plus forte au monde et les pensées qui fusent plus vite que tout. De plus en plus vite, de plus en plus vite, et on hurle parce que ça fait mal. Dieu ! Qu'est ce que ça fait mal. Et on hurle toujours, intérieurement, on se shoote avec ce que l'on trouve. L'alcool, le tabac, le sang, la douleur, l'écriture, la peinture, la scène...

    Tout devient drogue.

    Et l'on continue en se posant cette éternelle question : Suis-je toujours moi ? Qu'est la maladie ? Qui suis-je ? Et ces pensées qui nous donne envie de nous frapper la tête contre le mur. Insomnie, hypersomnie, insomnie, hypersomnie, insomnie, hypersomnie, insomnie, hypersomnie, insomnie, hypersomnie, insomnie... Aaaaah !

    On baise, on boit, on fume et ces pensées qui tournent en boucle. Les nuits sans sommeil qui nous chuchotent lentement à l'oreille à quel point nous sommes nulles, abruties et désespérées. Et nos doigts mordus jusqu'au sang pour nous éviter de hurler...


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  • Lorsqu'on tombe amoureux, on subit une foule d'émotion généralement, sur le moment elles sont positives. "L'amour donne des ailes" comme on dit. Mais, chez moi, ces sentiments sont des pièges parfois violent.

    Lorsque que j'étais au début de mon diagnostique de bipolarité, je me suis trouvée face à une évidence : je n'arriverais pas toute seule. Alors, j'ai attaqué une phase de "consommation des corps". Je promenais mon spleen et ma mélancolie dans toute la ville passant d'un lieu à un autre, d'un flirt d'une soirée au suivant. J'étais Charles Baudelaire au féminin et je cherchais mon opium.

    Amour dual

    Et puis, j'ai commencé à aller mieux. Ça me paraissait improbable, mais les faits se trouvait devant moi. La clinique me proposait peu à peu d'espacer mes visites et je commençais à pouvoir reprendre mes cours. Et en février ça m'est tombé dessus. Rien n'aurait pu le prévoir et surtout rien ne m'attendait à ce qu'il dure à ce point. Un homme est tombé très, très amoureux de moi.

    Mais la bipolarité elle s'en fout de ça. Les sentiments, elle s'en tape. Tout ce qui compte c'est que la moindre variation va avoir des conséquences. Alors cet évènement fût chez moi un sentiment si fort que mon esprit partit en vrille et que je me retrouvais à nouveau sous des médicaments de plus en plus fort.

    La bipolarité, elle s'en tape que je puisse être délicieusement heureuse avec cette personne. Tout ce qu'elle est, c'est une chose tapit au fond de moi qui peut ressortir à n'importe qu'elle moment. Cette chose qui me prend à la gorge et me promène dans tous les sens. Haut, bas, haut, bas, haut... Et je n'ai pas mon mot à dire.

    Et lui, lui il reste là. Alors que j'ai le cœur en croix, la bouche ouverte et que je subis sans un cri, sans un mot. Alors que je connais déjà ma mort, je l'ai déjà croisé. Alors que je lui fais subir toutes mes crises. Alors que parfois sans prévenir, sans savoir pourquoi, je deviens irritable et insupportable. Alors que dans ces moments là je peux remettre chacune de ses paroles sans raison parfois juste dans le but de le faire souffrir.

    Amour dual

    Et lui, lui il reste là. Il me prends systématiquement dans ses bras malgré ce que je fais. Il me pardonne toujours, quoi qu'il se soit passé. Il reste avec moi et il cherche à comprendre, à me comprendre. Moi. Moi ce monstre d'égoïsme. Mais il reste toujours, il me prends dans ses bras et je lui en suis reconnaissante. Il sèche mes larmes, oublie les siennes juste pour être sûr que je vais bien. Il m'embrasse et me rassure de sa présence, de ses mots. Et je lui en serais toujours reconnaissante de réussir à faire ça.

    Ce qui me surprend chaque jour, c'est que cette relation dure et est solide. Je l'aime comme je sais faire, inconditionnellement, sans compromis, et monstrueusement fort. Mes sentiments pourraient déplacer des montagnes et il arrive à les encaisser sans bouger. Il arrive à me retenir lorsque je m'enfuis car je me fais peur. Il arrive à m'accueillir dans ses bras quelque soit l'instant lorsque je suis si perdue qu'il devient mon unique repère. Il est mon phare au milieu de ma tempête et il reste inébranlable. Et ses sentiments sont là, devant moi. Chaque jour je m'en étonne et pourtant, chaque jour il est là.

    Les éléments chimiques de mon esprit partent en sucette mais lui chaque jour, il m'aime.

    Amour dual

    J'éprouve un nombre de remords incalculables. Je sais qu'il n'est pas indifférent à tout cela. Mais qui pourrait l'être ? Mais même mes amis les plus proches ne subissent pas ce que je lui fais. Et le pire, c'est qu'il ne s'inquiète pas pour lui, mais pour moi. Je lui répète sans cesse que ce n'est pas sa faute. Il ne me rend pas dépressive, il ne me rend pas maniaque. Il ne peut rien y faire en tout cas pas plus qu'il ne le fait déjà. Et je me dis qu'un jour il ne pourra plus supporter cela et il partira. Cela me terrifie.

    Aussi chaque jour j'essaie de le protéger de moi même. J'y mets toutes mes forces, tout mon courage. Mais mes forces sont celles d'une mouche face à cela et le courage est balayé par les nouveaux médicaments du psychiatre. Le plus dur, c'est de me dire que cela sera toujours comme ça. Chaque jour devra être un combat pour réussir à conserver cette histoire, à ne pas la détruire trop vite.

     

    Mais pour lui, je pourrais tout faire, tout recommencer pour qu'il reste à mes cotés.

     

     


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  • Je vais déménager. Encore.

    Je reprends mes sacs, je refais des cartons, j'emballe des babioles dans du papier bulle et je jette l'inutile. Et alors que j'entasse des livres dans des cartons, je sens la peau de mon dos qui se décolle. Elle craque au milieu de ma colonne vertébrale et peu à peu elle s'ouvre complètement.

    Et voilà, je suis à nouveau écorchée vive. Le vent ne glisse pas sur moi, il agresse chaque parcelle de mon corps qui entre avec lui. La route sur laquelle j'avance est entrain de se rétrécir de manière drastique. Elle va devenir aussi coupante qu'un fil de lame comme à chaque fois. Je vais abimer mes pieds dessus et puis... Et puis, ça ira mieux.

    L'être élastique que je suis rebondira, se liquéfiera, brûlera et reprendra forme humaine. Je vais enfin revivre cette renaissance constante que je vivais il n'y a pas si longtemps.


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