• Je suis...

    Bipolaire. Je suis bipolaire.

     

    Pas comme dans les films, pas comme dans les romans, pas comme à la télé. Je suis bipolaire en vrai. Sur moi, on a posé le diagnostique "bipolaire de type II". Je suis donc une personne malade, non pas de la grippe mais de la bipolarité. Est-ce que c'est grave, docteur ?

     

    Est ce que la bipolarité c'est à vie ? Est ce que la bipolarité c'est dangereux ? Est ce que je dois faire attention ? Pas de psychotique, pas de cannabis. Je dois faire attention au mélange alcool médicament. Je me sens en permanence en danger. Comme si tout pouvez resurgir d'un instant à l'autre comme si chaque émotion pouvait faire basculer mon état de stabilité apparente.

     

    Je me sens fragile, faible. Je suis les émotions d'un adulte dans le cerveau d'un enfant. Pas de barrière suffisamment forte pour les contenir, je peux exploser sans raison apparente. Ma vie est cyclothymique, mes émotions le sont. Un coup en haut, un coup en bas et le cercle infernal recommence. Mes médicaments sont là pour essayer d'éviter que ce cercle s'emballe et devienne incontrôlable.

     

    Suis je incontrôlable ? Suis je dangereuse ? Pour les autres ? Pour moi ? Je n'arrive pas à avoir peur de la mort lorsque je suis en phase d'hypomaniaque ou dépressive. Quand je suis hypomanique, je me sens pousser des ailes, je vis au jour le jour, à l'instant « t » sans rien rechercher d'autre que l'euphorie. Je veux savourer chaque instant à fond, mais je ne perds pas pied avec la réalité, je n'ai pas d’hallucination, pas de perte de conscience, pas d'oubli. C'est pourquoi on appelle cela des phases hypomaniaque et non « maniaque » tout court.

     

    Durant la phase dépressive, c'est l'inverse, je suis au fond du seau, je n'ai pas peur de la mort puisque j'espère mourir pour ne plus souffrir à l'inverse des phases hypomaniaque qui veulent « mourir de plaisir ». Je cherche les zones sombres, je souffre, je me sens seule et isolée. Je deviens paranoïaque, j'ai l'impression que personne ne m'aime. Je suis sensible durant ces phases au conduite à risque : auto-mutilation, tentative de suicide dans les moment les plus extrêmes.

     

    Je peux déclencher des dépendances dans les deux cas. Les bipolaires sont très sensibles à ce genre de choses. On est plus sensible aux molécules qui rendent « accro ». Lutter contre cela demande un effort permanent que l'on ne peut pas tous fournir. Les psychotiques sont particulièrement dangereux pour nous, nous devenons dépendant plus rapidement, mais surtout ils peuvent « aggraver » la maladie. Provoquant des hallucinations, nous pouvons devenir schizophrène en cas de prise trop importante ou régulière.

     

    Découvrir que l'on est bipolaire à vingt et un ans a quelque chose d'effrayant et de rassurant à la fois. Ma maladie a été détectée tôt et je suis prise en charge par des gens compétents qui plus est cherchant à réduire au maximum ma prise de médicaments. Cependant, je ne crois pas que l'on puisse guérir de sa bipolarité. Est-ce que cela veut dire que je devrais avoir un suivi psychiatrique à vie ? Est ce que cela veut dire que je serais sous médicament à vie ? J'ai peur.

     

    Oui ma maladie me fait peur, m'effraie et je n'arrive pas à la comprendre. J'aimerais être juste une personne un peu lunatique. De plus, j'ai l'impression de « surjoué » mon rôle de bipolaire. D'être complètement obsédé par cela et de ne plus faire attention aux autres. De ne plus voir ma vie que par ce bout là. Je dois me reprendre. Ma personnalité n'est pas définie par sa bipolarité. Je suis bipolaire, mais je suis tellement plus encore.

     

    Il faut que je m'en rende compte. Il faut que je réussisse à me redéfinir, à trouver où je suis, où je me situe par rapport à cette maladie. Je suis une jeune femme qui reste en pleine santé (à part ce fichu rhume qui dure depuis plusieurs jours). J'ai réussi à vivre en étant bipolaire jusque là, pourquoi ne pourrais je pas continuer ainsi ? Cependant, la question reste là : Qui suis-je ?

     

    Je suis une étudiante de vingt et un ans, née dans l'est de la France mais vivant aujourd'hui dans l'ouest de celle ci. Je suis vivante, j'aime sortir avec mes amis, car j'ai des amis malgré cette voix qui me répète sans cesse que je suis lâche, seule et désespérée. Je ne leur rends pas la vie si difficile que ça je crois car ils ne se plaignent pas, continuent de m'écouter quand au bord de la crise j'appelle l'un d'eux pour le voir, sortir, me changer les idées. Ils sont plus patients que ce que je peux m'imaginer.

     

    Je reste une jeune femme qui se doit d'avancer. Contrairement à beaucoup dans mon cas, je n'ai pas « perdu » de temps à être diagnostiquée correctement. J'ai été prise en charge rapidement, j'ai eu de la chance.

     


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